M ourad Ferguene a été l’un des meilleurs stylistes de la boxe algérienne. Champion d’Afrique et vainqueur de la ceinture d’or, ce tournoi qui réunissait les champions du monde de plusieurs pays, il était passé professionnel pour demeurer invaincu en 34 combats .Cultivant l’élégance avec ses costumes sur mesure, il aura été un artiste sur les rings mais aussi en dehors, car c’est un guitariste hors pair dans le chaâbi et il a souvent accompagné des grands comme Guerrouabi et Ammar Ezzahi.
Que devient Mourad Ferguene ?
Je vis à Paris et je suis en préretraite.
Et vous exercez quel métier ?
J’ai fondé une société de protection rapprochée des personnes et des biens depuis plusieurs années.
Et vous protégez des personnalités ?
Oui, j’ai eu à assurer la protection du premier Président de l’Algérie, Ahmed Ben Bella.
Et parmi les personnalités encore vivantes ?
Je peux vous citer l’actrice française Catherine Deneuve et l’acteur américain Sylvester Stallone.
Quand «Rocky» est à Paris, c’est vous qui assurez sa protection ?
Oui, j’ai assuré la protection de Stallone quand il est venu à Paris.
C’est vous personnellement qui l’accompagnez ?
Non, parce que je ne suis plus très jeune, mais ce sont mes agents qui l’ont protégé.
C’est Stallone qui vous a sollicité ?
Oui, parce que moi je suis toujours en contact direct avec les personnalités avec lesquelles je travaille.
C’est une mégastar facile à gérer ?
On a déjà un point commun. Il adore la boxe et comme je suis un ancien pugiliste, le courant passe bien avec lui et il faut dire que lorsqu’il a tourné la série des Rocky, il s’est entraîné avec de vrais boxeurs. C’est un homme sympathique.
Que pensez-vous de la boxe qu’il a incarnée à l’écran et dont certains disent que c’est une caricature du noble art ?
Disons que c’est du cinéma et cela n’a rien à voir avec la réalité. Lui ,quand il tourne une scène de combat, il peut la refaire plusieurs fois, ce qui n’est pas le cas sur un vrai ring. Ceci dit, il boxe bien.
En 2014, vous deviez initier un projet de prospection de jeunes talents en France avec la fédération algérienne. Qu’en est-il ?
C’est un projet qui est tombé à l’eau à cause des gros nuls de la fédération qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.
Vous êtes déçu ?
Oui et je le dis en termes crus parce que quand on dit des vérités, cela peut faire avancer les choses.
Vous auriez pu relancer le projet avec l’actuel président de la FAB ?
Mais je l’ai fait et il a refusé de concrétiser le projet. Toutefois, je suis en négociation avec le MCA qui souhaite intégrer dans sa section des binationaux qui veulent représenter l’Algérie, un peu comme cela se fait avec les joueurs de football.
Donc, c’est vous qui serez chargé de ramener ces binationaux ?
Oui, j’ai un dernier rendez-vous avec M. Tourki qui a été sympa et avec lequel je pense travailler.
Quel est votre avis sur la boxe féminine qui a valu de bonnes satisfactions à l’Algérie lors des derniers JM ?
C’est bien, nous avons des femmes qui sont au top et il faut les aider pour qu’elles puissent arriver au niveau mondial. L’algérien est fait pour la boxe, et je l’ai répété maintes fois. Il ne faut pas lui donner la natation ou l’escrime. L’Algérien est doué uniquement pour le foot, l’athlétisme, le judo, la lutte et la boxe.
Vous avez remporté le titre de champion d’Afrique en 1978 puis la ceinture d’or en 1979, avant de passer en professionnel…
La ceinture d’or, c’est l’équivalent d’une médaille olympique parce c’est une compétition qui réunissait les meilleurs du monde. Ensuite, j’ai boxé en professionnel en étant invaincu avec un palmarès de 34 combats et 34 victoires.
Vous êtes considéré comme un des meilleurs stylistes dans le noble art mais vous avez une autre passion pour un autre art, la musique châabi…
Oui, je suis guitariste et j’ai travaillé avec des grands du châabi comme Amar Ezzahi, Guerrouabi, Chaou et Azziouez Rais qui est très malade et je profite de l’occasion pour lui souhaiter un prompt rétablissement.
Qu’est-ce qui est le plus dur, accompagner un grand chanteur châabi à la guitare ou un combat de boxe ?
Le combat de boxe évidemment.
Propos recueillis par Hassan Boukacem